Evelyn De Morgan

Evelyne De Morgan

Royaume Uni : 30 août 1855 – 2 mai 1919

Evelyn De Morgan est née Mary Evelyn Pickering à Londres le 30 août 1855. Son père, Percival Pickering, est d’une famille de politiciens et de grands propriétaires terriens. Sa mère, Anna Maria Wilhelmina Spencer Stanhope, était la sœur de l'artiste John Roddam Spencer Stanhope et descendait de Thomas Coke, comte de Leicester.

Evelyn reçoit une éducation dispensée à la maison par des enseignants professionnels, conformément à une éducation appropriée à sa classe. Elle reçoit le même enseignement que son frère, ce qui signifie qu’elle suit des cours de latin, grec, français, allemand et italien, ainsi qu'en littérature classique, mythologie et sciences, matières rarement accessibles aux filles de son âge. La religion joue également un rôle énorme dans l'éducation des enfants de Pickering. Elle est enseignée par des pasteurs qui visitent la maison avec la même régularité que les tuteurs. Bien que la mère d'Evelyn ait elle-même grandi dans une famille d'artistes, elle a des opinions conservatrices sur la place de l'art dans l'éducation de sa fille et la jeune enfant précoce s'est tournée vers la poésie pour s'exprimer malgré son plus grand intérêt pour le dessin et la peinture.

En 1872, Evelyn passe quelques mois à étudier à la South Kensington National Art Training School, mais ses aspirations sont clairement en contradiction avec la mentalité traditionnelle de l'école. L'année suivante, elle s'inscrit à la nouvelle Slade School of Art où elle peut étudier le modèle vivant nu. Permettre aux étudiantes d'étudier des modèles vivants aux côtés de leurs collègues masculins était révolutionnaire pour l'éducation artistique de l'époque et son importance en tant que progrès pour le monde de l'art ne peut être surestimée. Bien que révolutionnaire, c'était encore une idée taboue et il était interdit aux femmes qui étudiaient après 17 heures de dessiner à partir de modèles nus.
Evelyn se rebelle contre son éducation de classe supperieure et les stéréotypes de genre de l'époque. Elle a un carrosse et une escorte pour l'emmener de chez elle à l’école, mais insiste pour être déposée à un pâté de maisons et marcher seule la dernière partie du voyage, portant sous le bras ses peintures et ses toiles. C'est à ce moment qu'elle commence à utiliser son deuxième prénom, Evelyn, pour s'assurer que son travail sera jugé au mérite et pas moins bien noté parce qu'elle était une femme dans un monde d'hommes. Car, contrairement à Mary, c’était un prénom utilisé aussi bien pour des hommes que des femmes à cette époque en Angleterre.

À la Slade School of Art, Evelyn est l'élève de Sir Edward Poynter, peintre du mouvement d’esthétisme qui cherchait à offrir la beauté au-dessus du sens, ou à créer l'art pour l'art. Mais en 1875 Evelyn arrête les cours, convaincue que l’école ne lui apprendrait rien qu’elle ne savait déjà. Ce mouvement emprunte le style classique et les motifs de la Renaissance, la mystique et la majesté de l'art de Botticelli sont particulièrement admirées parmi les esthètes. C'est au plus fort de la popularité de ce mouvement qu'Evelyn a commencé à exposer son travail. Evelyn de Morgan expose un premier tableau, St Catherine of Alexandria, à la Dudley Gallery de Londres, en 1876. Grâce aux succès de cette première exposition elle expose un an plus tard Ariadne at Naxos à la Grosvenor Gallery. Mais elle se soucie très peu des valeurs des mouvements dont elle emprunte l’esthétique. Elle cherche plutôt à utiliser ses toiles pour présenter ses propres préoccupations sociopolitiques à un public plus large et à agir comme catalyseur de changement. Elle s'oppose fermement aux attentes de la société envers les femmes et défend avec passion leurs droits, appuyant le mouvement des suffragettes et peuplant ses peintures de personnages féminins forts et d’allégories féministes.

En août 1883 Evelyn rencontre le céramiste William De Morgan plus âgé de 16 ans qu’elle, en mars 1887 ils se marient.

Depuis l'enfance, Evelyn était préoccupée par l'omniprésence de la mort dans la vie. Sa poésie juvénile révèle sa compréhension précoce de la doctrine chrétienne de la résurrection et ses peintures présentent son intérêt ultérieur pour le spiritisme et la nature et la matière de l'âme humaine. Il semble que c’est sous l’influence de sa belle-mère, Sophia, qui était une militante de la réforme sociale et une médium spiritualiste pratiquante que Evelyn décide à utiliser ses peintures pour divulguer ses idéaux spirituels.
Le fait que Evelyn présente ses idéaux sociopolitiques de façon dissimulée dans certaines de ses œuvres est dû à son besoin de satisfaire le marché et ses clients à la fin du XIXe siècle. En effet, l’échec constant de son mari William à générer des bénéfices avec son entreprise de céramique conduit le couple à dépendre des revenus de la vente des peintures d'Evelyn.

De Morgan expose pour la première fois en 1876 à la Dudley Gallery, puis un an plus tard à l'exposition inaugurale de la Grosvenor Gallery à Londres où elle exposera régulièrement pendant les années suivantes. En même temps elle envoie des tableaux à Liverpool, Manchester, Birmingham, Berlin. Elle expose régulièrement jusqu'en 1907, y compris une exposition personnelle à la Wolverhampton Municipal Art Gallery and Museum dans laquelle 25 œuvres sont exposées, dont 14 à vendre. Après 1907, elle cesse d'exposer régulièrement.

À partir de 1910 environ, la palette de couleurs d'Evelyn passe de réaliste et expressive à purement symbolique à mesure que ses tableaux deviennent plus symbolistes. L'intérêt d'Evelyn pour la peinture symboliste vient plus tard dans sa carrière. La deuxième carrière réussie de William De Morgan en tant qu'auteur à succès à partir de 1907 signifiait qu'Evelyn était libre de peindre sans contraintes commerciales.

Evelyn De Morgan meurt en 1919, deux ans après son mari.

Evelyn De Morgan, Ariane à Naxos
>Ariane à Naxos
1877
Huile sur toile – 90,8 × 132,8 cm
De Morgan Collection, Cawthorne, Royaume Uni
Evelyn De Morgan, Love's Passing
Love’s Passing
1883-4
Huile sur toile – 71,7 x 109,8 cm
De Morgan Collection, Cawthorne, Royaume Uni
Evelyn De Morgan, The Garden of Opportunity
The Garden of Opportunity
1892
Huile sur toile – 92 x 168 cm
De Morgan Collection, Cawthorne, Royaume Uni
Evelyn De Morgan, Filles de la brume
Filles de la brume
1910
Huile sur toile – 115,9.4 x 101 cm
De Morgan Collection, Cawthorne, Royaume Uni
Evelyne De Morgan, S.O.S.
S.O.S.
1914
Huile sur toile – 74 × 47 cm
De Morgan Collection, Cawthorne, Royaume Uni
Evelyn De Morgan, The Gilded Cage
The Gilded Cage
1919
Huile sur toile – 78.5 × 105 cm
De Morgan Centre, London

Liens :
(et sources principales)

De Morgan Collection (anglais)

Internet Archive : William De Morgan and his Wife (1922) PDF (anglais)