Hélène de Beauvoir

Hélène de Beuvoir

1910-2001

Henriette Hélène Bertrand de Beauvoir est née le 6 juin 1910 à Paris, deux ans après Simone. Elle est inscrite, comme sa sœur un peu plus tôt, au Cours Désir, un établissement catholique pour filles de bonne famille. Après son baccalauréat, malgré les réticences de sa mère à la voir poursuivre des études, elle intègre une école technique où elle apprend surtout la gravure. Simultanément, elle étudie la peinture dans diverses académies de Montparnasse et prend un goût pour les croquis qui ne la quitte jamais.

Si les deux sœurs sont toujours restées très proches, le rapport de Simone à Hélène est souvent un mélange ambigu de protection et de domination. Les parents et le clan de Beauvoir, aristocrates catholiques, contribuent largement à établir cette relation en donnant la prééminence à l’aînée dont ils admirent l’intelligence et le tempérament. Dans cette société machiste, Simone tient la place du fils qu’ils n’ont pas eu. La famille est ruinée. Paradoxalement, c’est une chance pour les filles de Beauvoir obligées de travailler pour s’en sortir. Une belle occasion de devenir autonomes et se libérer du carcan qu’on réserve traditionnellement aux femmes de l’époque. Toutes deux avaient le même souci de liberté et d’émancipation. Toutes deux sont douées de créativité. Simone aime écrire, Hélène préfère dessiner. « Enfin une activité où Simone ne pouvait pas rivaliser avec moi », dira avec humour Hélène de Beauvoir.

Le premier qui se rend compte du talent d’Hélène, et cela dès le vernissage de sa première exposition en 1936, est un certain Picasso. Il déclare : « Votre peinture est originale ! », alors que tous les peintres voulaient imiter son style, ce qui l’agaçait.

D’autres mots, de Jean-Paul Sartre en personne, pourtant réputé très avare de compliments, sont eux aussi évocateurs, un peu plus tard : « Entre les vaines contraintes de l’imitation et l’aridité de l’abstraction pure, elle a inventé son chemin. (…) De même que dans un poème les mots ne servent, chez Hélène de Beauvoir les couleurs et les formes sont l’envers d’une absence: celle du monde qu’elle fait exister en ne le représentant pas. »

Très vite liée avec un ancien élève de Sartre, Lionel de Roulet, Hélène de Beauvoir passe les cinq années de la Seconde Guerre mondiale au Portugal, première étape de la carrière de son mari, diplomate, avant l’après-guerre, quand le couple séjourne successivement en Autriche, en Yougoslavie, au Maroc et en Italie. Lorsque Lionel de Roulet est nommé haut fonctionnaire au Conseil de l’Europe, tous deux s’installent en Alsace au début des années 1960 dans le village de Goxwiller où elle vivra quarante ans et s’éteindra en 2001.

Hélène de Beauvoir, Moissoneues du Maroc
Moissoneues du Maroc
1949
Hélène de Beauvoir, Femmes de Tanger
Femmes de Tanger
1949
Hélène de Beauvoir, Mondines
Mondines
1954
Hélène de Beauvoir, Monines au chapeau jaune
Monine au chapeau jaune
1954
Hélène de Beauvoir, Autoportrait
Autoportrait
1955
Hélène de Beauvoir, Sans titre
Sans titre
1956
Hélène de Beauvoir, Skieurs
Skieurs
1957
Hélène de Beauvoir, Variation sur Venise
Variation sur Venise
1960
Huile sur toile 116 x 89 cm
Hélène Beauvoir, Je t’aime, ah dis le avec des pavés
Je t’aime, ah dis le avec des pavés
1968
Hélène de Beauvoir, Les femmes souffrent, les hommes jugent
Les femmes souffrent, les hommes jugent
1977
(partie centrale d'un triptyque)

Liens :

Or Norme : Hélène de Beauvoir « Dites, mon œuvre, vous croyez qu’elle va rester ? »

Blog de Gervaise Thirion : Hélène de Beauvoir, une personnalité occultée par la figure écrasante de Simone

France Culture : « L'autre Beauvoir » : Hélène, artiste peintre et sœur de Simone de Beauvoir

Causette : Il y a vingt ans disparaissait Hélène de Beauvoir, artiste-peintre féministe, écologiste et sœur de Simone