Marie-Victoire Lemoine

Marie-Victoire Lemoine, Autoportrait
Autoportrait (détail)
1780-1790
Huile sur toile 118 x 90 cm
Musée es Beaux-Arts, Orleans

Paris 1754-1820

Née à Paris en 1754, Marie-Victoire Lemoine est la fille aînée de Charles Lemoine et de Marie-Anne Rousselle. Au sujet de ses parents, nous savons seulement qu'ils étaient des bourgeois parisiens. Ses deux sœurs Marie-Denise Lemoine, connues sous le nom de Nisa Villers, et Marie-Élisabeth Lemoine, Gabiou après son mariage, et sa cousine Jeanne-Élisabeth Chaudet, née Gabiou, sont également peintres. Cependant, contrairement aux autres, Marie-Victoire ne s'est jamais mariée et, bien que vivant avec des membres de sa famille, elle subvient à ses propres besoins grâce à son travail. En 1779, elle réside dans la maison familiale et, plus tard vit avec sa sœur Marie-Élisabeth, demeurant chez elle même après sa mort. Elle a étudié avec l'académicien François Ménageot, au début des années 1770, lorsqu'il vivait et travaillait dans une maison appartenant au marchand d'art J.-B. Lebrun, mari de la peintre Élisabeth Vigée-Lebrun, dont l'atelier se trouvait également dans cette maison. On ne sait pas avec certitude si Marie-Victoire a également reçu des leçons de cette dernière, ou s'est simplement inspirée de sa façon de peindre, mais cela permettrait d'expliquer une similitude de style. Un des tableaux les plus connus de Lemoine, son Atelier d'une femme peintre est considéré généralement comme un hommage à Vigée-Lebrun, la femme peintre de Lemoine portant la robe en chemise emblématique des œuvres de Vigée-Lebrun. L'image semble indiquer un contact direct, voire de formation, entre les deux femmes. Peut-être Lemoine a-t-elle aussi travaillé dans l'atelier de Vigée-Lebrun, comme le suggèrent plusieurs de ses compositions. Il apparaît d'après la liste de ses portraits que Marie-Victoire a déjà acquis une réputation appréciable en 1779 lorsqu'elle expose pour la première fois son travail au Salon de la Correspondance, un établissement privé dirigé par Pahin de la Blancherie. Parmi ces œuvres figure un portrait de la princesse de Lamballe, une intime de Marie-Antoinette, qui fait l'objet d'une critique très favorable dans les Nouvelles de la République des Lettres et des Arts. Marie-Victoire Lemoine continue à peindre des portraits, des miniatures et des scènes de genre, qui, à en juger par les livrets d'expositions et les œuvres conservées, constituent la majeure partie de son œuvre. Au moins un tableau laisse penser qu'elle a l'ambition de peindre des sujets littéraires. Sa Jeune femme et Éros reprend indirectement un passage du Roland furieux de l'Arioste, dans lequel les amoureux gravent leurs initiales sur un tronc. Son Allégorie de la Peinture démontre qu'elle travaille aussi dans la tradition allégorique. Elle s'essaie également à la peinture de genre, et sa Frascatane écoutant un guitariste montre sa capacité à représenter des figures « rustiques » et des costumes dans une scène qui annonce les peintures troubadour de Fleury Richard et Marguerite Gérard. Bien que Marie-Victoire Lemoine ait pratiqué plusieurs genres, la plupart de ses œuvres identifiées sont des portraits de femmes et d'enfants. Beaucoup d'entre eux sont extrêmement sentimentaux, tandis que d'autres rappellent le culte de la maternité à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.

Si la vie de Marie-Victoire Lemoine est mal connue, nous pouvons peut-être nous faire une idée de la façon dont elle s'imaginait en artiste par son Atelier, qui montre une femme artiste, avec ses pinceaux, devant une toile sur laquelle est esquissé un thème classique. La représentation d'une peintre en compagnie de son élève met en scène la transmission de l'art de femme à femme. Les références à Vigée-Lebrun sont combinées à des rappels de l'Autoportrait avec deux élèves de Labille-Guiard, car l'élève de Lemoine est proche, par le profil et le vêtement, du portrait de Gabrielle Capet figurant dans cette œuvre. Pourtant, à la différence de Labille-Guiard, qui situe la leçon d'art dans un espace austère et indéterminé, Marie-Victoire Lemoine associe le mobilier domestique aux accessoires et aux instruments nécessaires à la peinture. Cette représentation, à la fois domestique et professionnelle, évoque la véritable situation de la plupart des femmes artistes de l'époque divisée entre les mondes domestique et professionnel.

L' Atelier figure parmi les premières œuvres que Marie-VictoireLemoine montre au Salon officiel. Elle continue à exposer aux Salons de 1796, 1798, 1799, 1802, 1804 et 1814, où sa production reçoit parfois des louanges, parfois des reproches. Au sujet des dernières années de l'artiste, nous savons seulement que six ans avant sa mort, survenue le 2 décembre 1820, elle participe encore à des expositions publiques.

 

D'après la notice de Mary Sheriff sur le site de la SIEFAR

 

Marie-Élisabeth Lemoine
Marie-Denise Villers (Nisa Villers)
Jeanne-Élisabeth Chaudet

Marie-Victoire Lemoine, Atelier d'une femme peintre
Atelier d'une femme peintre
1796
Huile sur toile - 46 x 89 cm
Metropolitan Museum of Art, New York
Marie-Victoire Lemoine, Femme avec Cupidon
Femme avec Cupidon
1792
Huile sur toile
Musée de l'Hermitage, Saint Petersbourg
Marie-Victoire Lemoine, La princesse Lamballe
La princesse Lamballe
1779
Huile sur toile - 61 x 49,5 cm
Collection particulière
Marie-Victoire Lemoine, Portrait de Zamor
Portrait de Zamor
1785
Huile sur toile 65 x 54,5 cm
Cummer Museum, Jacksonville, Florida
Marie-Victoire Lemoine, La paix abattue par la colère
La paix abattue par la colère
Signé Lemoine, non daté
Huile sur toile - 93 x 129,5 cm
Collection particulière