Jeanne de Montbaston et de son mari Richard, tous deux libraires et enlumineurs dans le second quart du xive siècle. Jeanne travaille avec son mari et n’apparaît au grand jour qu’à la mort de celui-ci en 1353, quand elle jure devant l’Université comme enlumineresse : Illuminatrix libri jurata Universitatis. Le cas de Jeanne est exemplaire du rôle des femmes au sein du marché du livre parisien et, au-delà, de celui du fonctionnement des métiers à la période médiévale. En effet, travaillant au sein de l’atelier ou de la boutique familiale, Jeanne est subordonnée à l’autorité et aux activités de son mari. Formée par son époux ou par son père, elle a participé pourtant activement à la production et a certainement contribué à la formation des apprentis, garçons ou filles, comme le laissent penser à la fois les statuts professionnels, la pratique et les œuvres elles-mêmes. Sans doute peut-on parler alors d’une « entreprise familiale » formée par le couple, dont témoignent les deux portraits des époux au travail, peints au bas des manuscrits exécutés ensemble.
Est-ce Jeanne de Montbaston qui réalisait dessins en marge, pendant que Richard, se réservait les images centrales, plus valorisées ? Il est impossible de le savoir avec certitude. Les dessins en marge comportent entre autres la figure récurrente d’une nonne tirant un moine par une corde accrochée à son pénis et la même nonne recueillant dans un panier des pénis poussant comme des fruits dans un arbre, puis tombe dans les bras d’un laïc.
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