Unica Zürn

Unica Zürn, photo Man Ray
Photo Man Ray
1951

Unica Zürn naît le 6 juillet 1916 à Grünewald près de Berlin. Elle est la fille de Ralph Zurn, un officier de cavalerie, mais également écrivain et voyageur, et d’Helene Pauline Heerdt, issue d’une famille fortunée. Son enfance est marquée par le viol par son frère et l’absence de son père adoré. En 1930, ses parents divorcent et la maison est vendue à cause de leur faillite financière. Sa mère épouse en secondes noces Heinrich Doehle, futur haut fonctionnaire nazi, proche d’Hitler. Elle fréquente le lycée de Berlin, mais le quitte avant d'obtenir son diplôme à l'âge de 15 ans pour gagner de l'argent en tant que dactylographe. Dès son plus jeune âge, elle veut être écrivaine comme son père. De 1934 à 1942, elle est employée à l'Universum Film AG, d'abord comme secrétaire et archiviste, puis comme scénariste pour des films publicitaires.

En 1942, elle épouse Erich Laupenmühlen, avec qui elle a deux enfants qui naîssent, en 1943 et littéralement sous les bombes en 1945. Mais en 1949 ils divorcent déjà et les enfants sont confiés au père. De 1949 à 1955, elle gagne sa vie en écrivant des histoires radiophoniques et pour les journaux berlinois. Malgré sa situation financière difficile, elle écrit cent trente-deux histoires et huit pièces radiophoniques entre 1945 et 1955. Elle commence à fréquenter le milieu artistique et est initiée aux bases du dessin par le peintre Alexander Camaro.

En 1953, Zürn rencontre l'artiste Hans Bellmer. Elle le suit à Paris, où elle commence à dessiner et à écrire des anagrammes. Si Hans Bellmer l’encourage à écrire, c’est comme dessinatrice et peintre qu’elle intègre les milieux surréalistes parisiens d’après-guerre. En 1953 et 1957, ses dessins sont exposés à Paris. À partir de 1957, elle entretient des contacts avec les surréalistes parisiens Hans Arp, André Breton, Marcel Duchamp, Max Ernst et Henri Michaux et commence à travailler sur des pièces en prose surréalistes.

En 1954 ses premières expositions individuelles sont organisées, à la galerie Le Soleil dans la tête

C’est en 1957 qu’elle rencontre Henri Michaux, qui lui inspire le personnage de son livre L'Homme-Jasmin. Elle consomme avec lui de la mescaline, ce qui provoque ses premières épisodes de psychose.

En 1959, Unica Zürn participe à la documenta II à Kassel dans le département graphique.

En 1960, alors qu'elle se rend à Berlin pour une interruption de grossesse imposé par Belmer, Unica fait sa première crise d’une schizophrénie paranoïde tardive. En 1960-61, elle séjourne au sanatorium de Wittenau à Berlin et de septembre 1961 à mars 1963 à la clinique psychiatrique du Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Les années suivantes, elle fait plusieurs séjours à l'hôpital avec des périodes hallucinatoires et de longues dépressions. Durant cette période elle crée plusieurs livrets de dessins. Lorsqu'en 1967 la Kestnergesellschaft de Hanovre présente une exposition de Bellmer, des œuvres d'Unica Zürn sont exposées en même temps dans la galerie Brusberg.
En 1969, alors qu'Unica Zürn, de plus en plus malade, est de nouveau internée à Maison blanche, Hans Bellmer devient hémiplégique à la suite d'un accident vasculaire cérébral et reste dans un profond mutisme jusqu'à la fin de sa vie. Elle passe l'été 1970 à la clinique psychiatrique ouverte de Chailles, La Chesnaie. Ici, son état s'améliore sensiblement pour la première fois depuis l'apparition de la maladie. Le 18 octobre, elle obtient un congé de quelques jours de la clinique et passe une nuit avec son compagnon Bellmer. Le lendemain, elle se suicide en sautant par la fenêtre de leur appartement. Bellmer décède esseulé à Paris en 1975.

L’œuvre d’Unica Zürn nous offre un témoignage singulier sur la schizophrénie. Entre l’écriture et le dessin à l’encre de Chine, cette œuvre fortement influencée par l’esthétique surréaliste et la maladie mentale témoigne d’une nette prédilection pour une pratique transformatrice intermédiaire où s’entrelacent le langage verbal et le langage pictural. Unica essaie la peinture à l'huile, mais abandonne rapidement pour ne se consacrer qu'au dessin.

Les écrits et œuvres d’art les plus connues d’Unica Zürn ont été créés entre 1950 et 1970. Le déménagement de Zürn à Paris lui permet d'écrire ouvertement sur des sujets tels que la violence domestique, l’avortement et les abus sexuels. En 1954 elle publie les Hexentexte (Grimoires de sorcière), un livre composé de poèmes et de dessins d'anagrammes. En 1967 elle écrit Sombre printemps. Entre 1963 et 1965, elle écrit L’homme-jasmin publié en 1971. Une agression du corps féminin est évidente dans les histoires de Zürn, qui consistent souvent en dialogues intérieurs.

La majorité de ses textes ultérieurs suivent les propres expériences de vie de Zürn. Sombre printemps est une sorte de roman développemental qui raconte les premiers rapports sexuels d’une jeune femme et les premiers signes de sa maladie mentale. De nombreuses figures archétypales caractérisent le roman : le père idéalisé, la mère ostracisée et la jeune fille troublée aux tendances masochistes. De même, sa propre mort semble être annoncée dans le texte, d’autant plus que le protagoniste de Sombre printemps se suicide finalement en sautant par la fenêtre de sa chambre.

Unica Zürn, sans titre
Sans titre
Encre et gouache sur papier
Unica Zürn 1965
Sans titre
1965
Encre et gouache sur papier, 65 x 50 cm
Unica Zürn 1957
Sans titre
1957
Huile sur papier contrecollé sur bois,
40,9 x 30,8 cm
Unica Zürn 1957
Sans titre
1957
Pastel et gouache sur papier
Unica Zürn 1966
Sans titre
1957
Huile sur papier contrecollé sur bois,
40,9 x 30,8 cm
Unica Zürn 1961
Sans titre
9 novembre 1961
Encre sur papier, 90 x 67 cm
Hôpital Sainte-Anne, Paris

Liens :

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Encyclopédie sur la mort