Souvenirs de Madame Louise-Elisabeth Vigée Lebrun


Francesco Casanova
Une bataille
Francesco Casanova
Huile sur toile - 130 x 196 cm
Musée du Louvre

CHAPITRE XI

Je me loge à Vienne avec monsieur et madame Bistri.— La comtesse de Thoun; ses soirées.— La comtesse Kinski.— Casanova.— Le prince Kaunitz.— Le baron de Strogonoff.— Le comte de Langeron.— La comtesse de Fries, ses spectacles. — La comtesse de Schoenfeld.

Nous arrivâmes enfin dans la bonne ville de Vienne, où deux années et demie de ma vie devaient s'écouler d'une manière si agréable, que j'ai toujours su gré au comte de Wilsheck de m'avoir engagée à faire ce voyage. Comme monsieur, madame de Bistri et moi, nous ne voulions pas nous quitter, il nous fut impossible de trouver à nous loger dans la ville. Nous fûmes obligés d'aller nous établir dans un des faubourgs (qui sont plus grands que la ville), et là, je fis le portrait de l'aimable comtesse de Bistri, qui était une fort belle femme.
      Peu de jours après mon arrivée, j'allai dans la ville porter les lettres de recommandation que m'avait données le comte de Wilsheck. Dans le nombre, il s'en trouvait une pour le célèbre prince Kaunitz, qui avait été ministre sous Marie-Thérèse. Mais je me rendis d'abord chez la comtesse de Thoun. Elle m'invita aussitôt à ses soirées, où se réunissaient les plus grandes dames de Vienne, et cette maison aurait suffi pour me faire connaître toute la haute société de la ville. J'y trouvais aussi beaucoup d'émigrés de notre pauvre France: le duc de Richelieu, le comte de Langeron, la comtesse de Sabran et son fils, la famille de Polignac, et plus tard l'aimable et bon comte de Vaudreuil, que je fus bien joyeuse de revoir.
      Je n'ai jamais vu, rassemblées dans un salon, un aussi grand nombre de jolies femmes qu'il s'en trouvait dans celui de madame de Thoun. La plupart de ces dames apportaient leur ouvrage, et s'établissaient autour d'une grande table, faisant de la tapisserie. On m'appelait quelquefois pour me consulter sur les effets, sur les nuances; mais comme ce qui me fait le plus de mal aux yeux est de les attacher sur des couleurs vives, à la lueur des lampes ou des bougies, j'avoue que je donnais souvent mon avis sans regarder. En général, j'ai toujours soigné mes yeux avec une grande prudence, et je m'en suis fort bien trouvée, puisque, maintenant encore, je peins sans être obligée de prendre des lunettes.
      Parmi les jolies femmes dont j'ai parlé, il y en avait surtout trois remarquables par leur beauté: la princesse Linoski; la femme de l'ambassadeur de Russie, le comte de Rasowmoffski, et la charmante comtesse Kinski, née comtesse Diedrochsten. Cette dernière avait tous les charmes qu'on peut avoir; sa taille, sa figure, toute sa personne enfin était la perfection: aussi fus-je bien surprise quand on me raconta son histoire, qui vraiment ressemble à un roman. Les parens du comte Kinski et les siens avaient arrangé entre eux de marier les jeunes gens, qui ne se connaissaient point. Le comte habitait je ne sais quelle ville d'Allemagne, et n'arriva que pour la célébration du mariage. Aussitôt après la messe, il dit à sa jeune et charmante femme: «Madame, nous avons obéi à nos parens; je vous quitte à regret; mais je ne puis vous cacher que depuis long-temps je suis attaché à une femme sans laquelle je ne puis vivre, et je vais la rejoindre.» La chaise de poste était à la porte de l'église; cet adieu fait, le comte monte en voiture, et retourne vers sa Dulcinée.
      La comtesse Kinski n'était donc ni fille, ni femme, ni veuve, et cette bizarrerie devait surprendre quiconque la regardait; car je n'ai point vu de personne aussi ravissante. Elle joignait à sa grande beauté l'esprit le plus aimable, et un coeur excellent; un jour qu'elle me donnait séance, je fis demander quelque chose à la gouvernante de ma fille, qui entra dans mon atelier avec un air si gai, que je lui demandai ce qu'elle avait. «Je viens, répondit-elle, de recevoir une lettre de mon mari, qui me mande que l'on m'a mise sur la liste des émigrés. Je perds mes huit cents francs de rente; mais je m'en console, car me voilà sur la liste des honnêtes gens.» La comtesse et moi, nous fûmes touchées d'un désintéressement aussi honorable. Quelques minutes après, madame Kinski me dit que ma robe de peinture lui semblait si commode, qu'elle voudrait bien en avoir une pareille (elle savait déjà que la gouvernante de ma fille me faisait ces blouses). J'offris de lui en prêter une. « Non, reprit-elle, j'aimerais bien mieux que vous la fissiez faire par madame Charot (c'était le nom de la gouvernante); j'enverrai la toile nécessaire. » Peu de jours après, je lui remis la robe. Aussitôt notre séance finie, la comtesse court à la chambre de madame Charot et lui donne dix louis; la bonne refuse; mais l'aimable comtesse les pose sur la cheminée et s'enfuit comme un oiseau, bien contente d'avoir au moins rendu à cette brave femme un quartier de la pension perdue.
      Ma coutume étant, lorsque j'arrivais dans une ville, de faire mes premières visites aux artistes, je n'avais pas tardé à aller voir Casanova, peintre très renommé dans le genre des batailles (17). Il pouvait avoir soixante ans, mais il avait encore beaucoup de vigueur, quoiqu'il portât deux ou trois paires de lunettes les unes sur les autres. Il travaillait alors à divers grands tableaux, représentant les hauts faits du prince de Nassau. Dans l'un, on voyait le prince terrassant un lion; dans un autre, il écrasait un tigre; enfin, tous étaient de cette force, ce qui donnait une terrible idée du personnage qui, pour avoir fait réellement ces prodiges de valeur et beaucoup d'autres encore, n'en avait pas moins l'air le plus doux et le plus tranquille qu'on puisse voir. Quant aux tableaux dont je parle, ils avaient de l'effet, de la couleur, mais ils n'étaient point terminés.
      Casanova avait beaucoup d'esprit et d'originalité. Il était très bavard, et je l'ai vu nous amuser extrêmement aux dîners du prince Kaunitz, par des histoires qui souvent n'avaient aucune vérité, et qui devaient tout leur comique à l'imagination vive et bizarre du conteur. Il avait la repartie prompte et heureuse. Un jour que nous dînions chez le prince de Kaunitz, la conversation roulant sur la peinture, on parla de Rubens, et quand on eut fait l'éloge de son immense talent, quelqu'un dit que son instruction, qui était aussi prodigieuse, l'avait fait nommer ambassadeur. À ces mots, une vieille baronne allemande prend la parole, et dit: « Comment! un peintre ambassadeur! c'est sans doute un ambassadeur qui s'amusait à peindre.— Non, madame, répond Casanova, c'est un peintre qui s'amusait à être ambassadeur. »
     Casanova avait gagné énormément d'argent; mais son désordre était tel, qu'il ne lui en restait pas.
      En sortant de chez lui, je portai toutes mes lettres de recommandation. Je trouvai le prince de Kaunitz que je désirais beaucoup connaître. Ce grand ministre était alors âgé de quatre-vingt-trois ans au moins; il était grand, très maigre, et se tenait fort droit. Il me reçut avec une bonté parfaite, et m'engagea pour dîner le lendemain. Comme on ne se mettait à table chez lui qu'à sept heures, et que j'avais l'habitude de dîner seule chez moi à deux heures et demie, cette invitation et celles qui suivirent, tout en me flattant, me contrariaient un peu: je n'aimais ni à dîner aussi tard, ni à dîner avec tant de monde; car sa table, composée en grande partie d'étrangers, était toujours de trente couverts, souvent plus. Dès le premier jour dont il est question, je pris le parti de dîner chez moi avant de me rendre chez lui, ce que je m'efforçai de cacher autant qu'il m'était possible, en mettant une demi-heure à manger un oeuf à la coque, mais ce petit manége, dont il s'aperçut, le contraria; et cela, joint au soin que je pris par la suite pour esquiver quelques-unes de ses invitations, causait les seules querelles qu'il m'ait jamais faites, attendu qu'il ne tarda pas à me prendre en grande amitié, ce dont j'étais fort reconnaissante. Il ne m'appelait jamais autrement que sa bonne amie, et il voulut que ma Sibylle restât exposée dans son salon pendant plus de quinze jours, durant lesquels on le vit faire les honneurs de ce tableau à la ville et à la cour avec une grâce toute affectueuse pour moi.
      Le prince de Kaunitz, malgré son grand âge, avait encore une forte tête et un esprit plein de verve. Son goût, son jugement exquis, sa haute raison, étonnaient tous ses convives. Il recevait son monde admirablement; son unique faiblesse était de conserver la prétention de monter à cheval mieux que personne. Il m'invita, ainsi que plusieurs autres amis, à venir le voir caracoler dans son manége. La vérité est qu'il s'en acquittait parfaitement bien, et d'une manière fort surprenante à son âge. Il montait à la française: son costume et sa personne me rappelaient les cavaliers du temps de Louis XIV, tels que nous les voyons représentés dans les beaux tableaux de Wouvermans.
      Le prince de Kaunitz jouissait à Vienne de la plus grande existence; la gloire qu'il avait acquise comme ministre y vivait encore avec lui. Le premier jour de l'an et celui de sa fête, une foule immense se rendait chez lui pour le complimenter; nul ne s'en dispensait, et l'on aurait pu le croire empereur ces deux jours-là: aussi ai-je été bien surprise de l'indifférence des Viennois pour la perte de leur célèbre compatriote. J'étais encore à Vienne quand le prince de Kaunitz mourut après une courte maladie; à peine eut-on l'air d'être sensible à la disparition de ce grand homme. Quant à moi, j'en fus très affligée. Je me souviens qu'étant allée peu de temps après, voir pour la seconde fois un cabinet de figures en cire fort curieux, je fus saisie à la vue de celle du prince de Kaunitz couché, revêtu des habits qu'il portait, coiffé comme il avait l'habitude de l'être, enfin absolument tel que je l'avais vu si souvent chez lui. Ce spectacle, auquel je ne m'attendais nullement, me fit la plus douloureuse impression; car je ne connais rien de si pénible à voir, que les traits exacts de quelqu'un que l'on a aimé, privés d'activité et de vie.
      Peu de jours après mon arrivée à Vienne, je fis connaissance avec le baron et la baronne de Strogonoff, qui me prièrent tous deux de faire leurs portraits. La première se faisait aimer par sa douceur et son extrême bienveillance: quant à son mari, il possédait un charme supérieur pour animer la société; il faisait les délices de Vienne en donnant des soupers, des spectacles, des fêtes, où chacun se pressait de se faire inviter. J'ai peu connu d'hommes plus aimables, plus gais, que le baron de Strogonoff. Quand le désir de rire et de s'amuser lui prenait, il inventait toutes les folies imaginables. Un jour entre autres, sachant que plusieurs personnes de sa société et moi, devions aller visiter le cabinet de figures en cire que je n'avais pas encore vu alors, il s'excusa sous un prétexte de ne pouvoir nous accompagner, et, prenant l'avance, il va se placer dans ce cabinet derrière un piédestal, de manière qu'il ne laissait voir que sa tête. En parcourant la galerie des portraits, nous passons devant lui; mais il avait donné à ses yeux une telle fixité, et tant d'immobilité à tous ses traits, qu'aucun de nous ne le reconnaît. Après avoir visité les autres salles, nous repassons une seconde fois sans le reconnaître davantage; mais alors voilà qu'il remue et qu'il parle; nous fûmes tous effrayés, et surtout bien surpris de notre méprise. Elle prouve au reste combien, lorsque l'on peint une personne, sa physionomie ajoute à la ressemblance; c'est pourquoi il faut bien se garder de donner des séances trop longues, ou de laisser un modèle s'ennuyer.
      J'ai rarement vu jouer la comédie par des amateurs aussi bien que chez la baronne de Strogonoff. Les premiers rôles étaient remplis par le comte de Langeron, qui jouait les amoureux avec autant de grâce que de facilité, et qui avait une véritable passion pour la comédie. M. de Rivière jouait les rôles comiques d'une manière étonnante. Au reste, cet aimable homme (18) possédait tous les talens; aussi Doyen disait-il que M. de Rivière était un petit nécessaire de société. Le fait est qu'il peignait très bien, et copiait tous mes portraits, en grande miniature à l'huile; il chantait fort agréablement; il jouait du violon, de la basse, et s'accompagnait sur le piano. Il avait de l'esprit, un tact parfait, et un coeur si excellent, qu'en dépit de ses distractions, qui étaient fréquentes et nombreuses, il obligeait ses amis avec autant de zèle que de succès. M. de Rivière était petit, mince, et il a toujours conservé l'air si jeune, qu'âgé de soixante ans, sa taille et sa tournure ne lui en donnaient que trente.
      Quant à M. de Langeron, je ne puis le faire mieux connaître, qu'en plaçant ici le portrait qu'il a tracé de lui-même, avec la plus grande vérité, et qu'il ajouta à son rôle, dans la dernière pièce qu'il a jouée à Vienne, avant le départ du baron de Strogonoff. Ces vers donneront l'idée la plus juste de ce brave et aimable Français, qui, grâce à notre révolution, est mort chez les Russes, gouverneur d'Odessa.
     Portrait de M. de Langeron, fait par lui-même, et ajouté au rôle de Dorlange, dans la comédie des Châteaux en Espagne.

Je veux pour m'amuser faire ici mon portrait,
En bien tout comme en mal ressemblant trait pour trait.
Du moins ce sera gai si ce n'est pas trop sage.
Je dois à la nature et j'acquis par l'usage,
De la facilité, du babil, du jargon,
Plus de superficie en un mot que de fond;
Aussi, légèrement je glisse sur les choses,
Et n'approfondis point les effets et les causes.
Je suis bon, confiant jusques à l'abandon;
Aussi, je fus souvent trompé, mais pourquoi non?
J'aime mieux me livrer, hélas! que de tout craindre;
Bien plus que le trompé, le trompeur est à plaindre.
J'ai toujours adoré l'honneur et l'amitié;
Pour ces dieux j'ai tout fait, j'ai tout sacrifié.
Quant à mon caractère, il est léger sans doute;
Mais heureux sur ma foi, car de rien je ne doute
Et toujours trouve à tout un remède assuré;
Si quelque chose enfin ne va pas à mon gré,
On bien si le malheur veut verser sur ma vie
Ses poisons, ses dégoûts ou sa mélancolie,
Les rêves et l'espoir viennent avec gaîté,
Dans mon coeur tenir lieu de la réalité.
Je fus d'aimer le sexe accusé par l'envie;
Je ne m'en défends pas, je l'aime à la folie,
Et l'aimerai demain plus encor qu'aujourd'hui.
Valons-nous dans le fait quelque chose sans lui?
On m'a dit bien souvent que j'étais trop volage.
Oui, je suis, j'en conviens, plus étourdi que sage,
Et mon esprit errant en projets, en amours,
Est tout comme mon corps, il voyage toujours.
On m'a souvent aussi reproché, ce me semble,
D'avoir aimé parfois plusieurs femmes ensemble.
Eh bien! c'était tromper, dit-on... Non, car je croi
Que je les adorais toutes de bonne foi.
Du véritable amour j'ai cru que dans ma vie,
J'avais connu deux fois la triste frénésie.
Je m'en plaignais au sort; mais en me tâtant bien,
J'ai vu, je l'avouerai, qu'il n'en fut jamais rien.
Ai-je tort? Le profit est moindre que la peine.
J'ai cinq ans de l'hymen porté l'aimable chaîne;
Pendant trois, j'ai vécu comme un franc étourdi;
Mais on m'a vu depuis un excellent mari.
Quelle en est la raison? Elle existe en mon ame;
Je suis sensible et bon, un ange était ma femme.
J'ai connu la faveur sans en être enivré.
J'ai connu le malheur sans en être altéré.
J'ai beaucoup voyagé, j'ai fait beaucoup la guerre;
Comme le mouvement elle m'est nécessaire.
Je l'ai faite souvent, sans profit, sans projet,
J'ai plus cherché la gloire enfin que l'intérêt.
Je suis fat, ce n'est pas ma faute en vérité;
Je le suis devenu parce qu'on m'a gâté.
Être stable, est pour moi dans les choses futures,
Pour l'être, j'aime trop encor les aventures.
Je serai, j'en suis sûr, avant qu'il soit long-temps,
Le meilleur des maris, le meilleur des amans;
Mais j'ai besoin d'user ma fureur vagabonde,
Et quelque temps encor de parcourir le monde.


Ce portrait de M. de Langeron était celui de beaucoup de jeunes gens de la cour de France à l'époque de la révolution. Chez la plupart d'entre eux, quelque peu d'étourderie se joignait à la franchise, à la bravoure, et surtout à je ne sais quelle grâce d'esprit qui, s'il faut le dire, a totalement disparu depuis que nous sommes devenus si profonds. Le chevalier de Boufflers, le vicomte de Ségur, le comte Louis de Narbonne, étaient des modèles de cette grâce d'esprit dont je parle. Je ne connais pas de mot de courtisan plus fin que la repartie du dernier à l'empereur Bonaparte, qui, parlant de madame de Narbonne, lui disait: « Votre mère ne m'aime pas; je le sais.— Sire, répondit le comte, elle n'en est encore qu'à l'admiration. »
      La maison du baron de Strogonoff n'était pas la seule à Vienne où l'on jouât la comédie de société. La comtesse de Fries, veuve du fameux banquier de ce nom, avait une très jolie salle de spectacle, dans laquelle je l'ai vue parfaitement bien jouer les rôles de caractères. Sa fille, mademoiselle de Fries, avait une très belle voix, et chantait à merveille, en sorte que l'on donna un jour pour elle un petit opéra à trois acteurs. Tout alla fort bien d'abord; la scène se passait dans une île déserte, où deux amans s'étaient réfugiés. Mademoiselle de Fries jouait le rôle de la jeune fille, M. de Rivière celui de l'amant, et tous deux chantaient admirablement; mais vers la fin de la pièce, le père de l'amante arrive dans une barque. On avait collé une barbe de coton autour de la bouche et du menton de celui qui remplissait ce rôle; dès que ce jeune homme se mit à chanter, voilà que cette barbe se détache et lui entre dans la bouche de telle sorte, qu'il en fut suffoqué. Nous l'entendions crier d'une voix étouffée: J'avale ma barbe! j'avale ma barbe! et quoique ce grotesque accident n'eût aucune suite fâcheuse, l'opéra en resta là.
      Mademoiselle de Fries était excellente musicienne, et quand je fis son portrait, je voulus la peindre en Sapho, chantant, et s'accompagnant de la lyre. Son visage, sans être joli, avait infiniment d'expression. Sa soeur, la comtesse de Schoenfeld, était très jolie, et fashionable autant qu'on puisse l'être, au point que sa mère, madame de Fries, ayant un jour donné, dans une pièce, un rôle à son neveu, qui n'avait point l'air distingué, comme je me trouvais placée au spectacle à côté de madame de Schoenfeld, je lui demandai qui était ce monsieur? — C'est le neveu de ma mère, répondit-elle, ne pouvant se décider à dire: C'est mon cousin.

 

(17) Pergola, dont j'ai déjà parlé, appartenait à madame Souwaloff, femme de l'auteur de l'Épitre à Ninon. Sa fille a épousé le comte Diedestein, Autrichien, et frère de là belle madame Kinski.

(18) M. de Rivière ayant embrassé plus tard la carrière de la diplomatie, est mort en 1833, à Paris, où il était ministre de Hesse-Cassel..

Extrait du livre :
Souvenirs de Madame Louise-Elisabeth Vigée Lebrun
Édition : Librairie de H. Fournier - Paris 1835

 


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